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Je m’appelle Xavier Bosh et je suis Catalan du Sud.

Gardien du refuge des Conques

La sensations que j’ai eu à cet endroit ? … C’est très agréable : une forêt très naturelle, très sauvage.

Je suis né en 1961 et cela fait 40 ans que je travaille dans les refuges. C’est ma profession depuis toujours. J’ai commencé à l’âge de 27 ans au refuge du Vall del Ter, à la Vall de Camprodon, du côté espagnol et ce jusqu’en 2008. Je me suis arrêté après cela pendant cinq ou six ans pour faire d’autres activités professionnelles. Mais je suis toujours resté dans un emploi en résonance avec la cuisine et les refuges. Vous savez, 70 % du travail d’un refuge, c’est de la cuisine. Finalement j’ai repris le refuge des Conques avec une amie il y a de ça six ans.

Êtes-vous seul ici pour travailler ou vous êtes accompagné d’autres personnes ?
Normalement je suis seul mais quelqu’un qui vient m’aider les week-ends d’août. La semaine, c’est plus calme : je prépare les repas toute la journée, mais c’est possible de tenir le refuge seul.

Combien de personnes passent ici à peu près chaque année?
Pour une année normale, à peu près 600 personnes et la saison d’été représente pratiquement 80 % des nuitées de l’année. 

On imagine que la randonnée est l’activité principale du secteur, n’est-ce pas ?
Oui, car il y a le Tour du Canigó, le Tour du Costabonne, les autres randos  jusqu’au Pic des Roques et de la Llosa, le Pic des Sept Hommes, jusqu’à Ulldeter, côté espagnol, Mantet … Il y a beaucoup de possibilités.

Et l’hiver ? Que peut-on faire à ce moment-là ?
L’hiver c’est un endroit recommandé pour faire des raquettes sur tout le secteur du Puig de la Collada Verda. Juste devant le refuge passe un petit chemin à travers la forêt. C’était l’ancienne piste de ski de fond ; pour de la raquette en famille, c’est génial !

Vous avez donc souvent des familles par ici ?
Oui parce que l’accès au refuge en voiture facilite beaucoup leur venue. Il y a des clientèles très différentes qui viennent au refuge.

On peut donc venir en voiture et les gens peuvent se garer à proximité, mais vous n’êtes pas ouvert toute l’année.
Non, nous sommes ouverts à partir de début juillet jusqu’à fin septembre. Mais au printemps et à l’automne on ouvre tous les week-ends. Ainsi que le reste de l’année sur réservation uniquement.

Est-ce que les personnes qui viennent ici sont attirées par le massif du Canigó et le parcourent régulièrement ou est-ce leur première découverte avec le lieu ?
Il y a un peu de tout. Il y a en a qui planifient leur randonnée autour du Canigó, autour du Costabonne ou jusqu’à Mantet. Ou certains vont simplement jusqu’au Escarts de la Roja, par exemple. Mais les personnes qui sont en vacances dans la vallée, elles, montent pour faire la découverte de cet endroit qui est vraiment très joli.



Vous souvenez-vous de la première fois où vous êtes arrivé ici ?
Quel souvenir la première fois ? … Je suis arrivé ici, la première fois, au mois de mai. C’est le début du printemps ici, toutes les couleurs sont différentes et … la sensation que j’ai eu à cet endroit … C’était très agréable : une forêt très naturelle, très sauvage. Jamais, jamais, je n’avais vu d’endroit comme celui-ci. C’est très, très, très naturel : tu peux voir les morceaux de bois qui se transforment avec la terre et le processus naturel de la forêt. Ça m’a beaucoup impressionné. C’est après, lorsque je suis arrivé pour faire fonctionner le refuge que j’ai fait toute la découverte de l’endroit, et je l’ai trouvé merveilleux.

Vous préférez ce refuge aux autres alors ?
Hmm …, non ! (Sourire) Chaque refuge est un endroit différent. Ulldeter, mon ancien refuge, où j’y ai passé plus de 20 ans, je dis toujours que c’est un refuge à 2200 mètres d’altitude. L’accès se fait à pied ou en ski de rando mais c’est tout. Il n’y a rien d’autre. Je me rappelle d’un hiver où les températures étaient de moins dix degrés. Et quand tu vis en refuge avec moins dix, faire marcher le refuge c’est très très compliqué, vraiment. Ouvrir un refuge toute l’année, ce qui est le cas de Ulldeter, c’est forcément très compliqué. Mais … C’est fantastique de toute façon ! (Rire)

On imagine qu’il y a une ambiance particulière !
J’aime beaucoup. J’ai toujours dit que s’il fallait recommencer Ulldeter, si j’y retournais à l’âge de vingt ans, je recommencerais Ulldeter avec toutes les bonnes et les moins bonnes choses qui m’y sont arrivées. Toutes ensemble : cette expérience pour moi, c’est fantastique. Ici, c’est différent. 

Pourquoi différent ?
C’est la situation du refuge et cette situation appelle une clientèle très variée. Nous sommes en bas, à 1600 mètres, il y a 500 mètres de niveau …



Pour vous, on est en « bas »?
Eh bien, oui, c’est très bas, oui … Par exemple, ici, la route arrive jusqu’au refuge. Si tu restes isolé l’hiver ici et que tu appelles la mairie pour demander s’il est possible de déneiger la route, tu pourras descendre. Sans problème. Je me suis retrouvé dans cette situation et ce n’est pas quelque chose de compliqué. Quand tu es habitué au refuge à 2600, c’est très facile ici. Les choses sont techniquement plus faciles Ici, s’il fait très froid la nuit, la journée la température remonte facilement et tu récupères ta fatigue rapidement … Après, ce qui est différent entre Ulldeter et ici, c’est la clientèle ; par exemple ici en bas, il y a les termes de La Preste. Tout cela apporte une clientèle de cure âgée. En général ils font la cure le matin et à partir de midi, en début d’après-midi, ils sont en montagne ici : ils viennent manger, ils font une petite ballade, ils prennent une crêpe ou une boisson … Ils me font de l’activité toute la journée.

On peut venir manger ici uniquement à la journée ?
Oui, à la journée c’est comme au restaurant. Je fais un seul menu, mais la clientèle est comme celle d’un restaurant. Après viennent les randonneurs et le reste des visiteurs venant pour la réserve naturelle pour les animations de celle-ci? Il y a un programme en début de saison d’été qui organise une majorité des animations gratuites. Chaque semaine il y a quelque chose.



Vous parlez de votre clientèle ; est-ce une clientèle de catalans vraiment connaisseurs du massif ? Est-ce qu’ils viennent pour la dimension spirituelle du Canigó ?
Voyez-vous ces gens-là qui ne viennent que pour le Canigó ?
Pour le symbole … Hmm, non. Ici, basiquement non. Je crois que la clientèle qui cherche cet aspect riche, va de l’autre côté et fait sommet.
Quand la clientèle arrive ici pour manger, et les catalans en sont un exemple, ce sont des gens en vacances au Vall de Camprodon. Ils sont en vacances, cinq à sept jours et à partir du cinquième, sixième jour, ils traversent la frontière, vont à Prats et montent jusqu’ici quand ils commencent à connaître le Vallespir. Ils arrivent ici et ils y mangent, prennent simplement une boisson ou font un petit tour.

Comment se passe la fête de la Saint-Jean au refuge ?
Vous, comment le vivez-vous ? La présence du Canigó est-elle plus forte à cette occasion-là ?
Normalement je rencontre la Saint-Jean quand je monte par la route. Chaque année je récupère une flamme du Canigó issue du sommet lorsqu’elle est distribuée à tous les villages de Catalogne pour allumer le flamme de la Saint-Jean.

Focs de Sant Joan

C’est quelque chose de notre terroir, que tu ne retrouves pas ailleurs. C’est joli et cette sensation … (Sourire)

Vous-même vous êtes monté pour la Saint-Jean ?
Eh non ! Je suis toujours ici. C’est mon problème. (Rires) Je peux monter à d’autres occasions mais pas la nuit de la Saint-Jean.

On voit ici que c’est un terrain exploité l’élevage et le pastoralisme. Comment se passe cette cohabitation avec les visiteurs ?
Normalement les gens qui montent connaissent assez bien la législation, comment faire, comment respecter la Nature, etc. Généralement ça reste respectueux. Et pour ce qui est de la relation avec les animaux … Je conseille toujours aux gens de ne pas s’approcher de l’élevage. Simplement, laissez-les. « Vivre et laisser vivre » (Rire).

Ça se passe bien ?
Oui, il n’y a pas de conflits.



Si vous deviez donner un conseil aux gens ou leur faire passer un message pour les inciter à venir ? …
Je les incite à venir et faire la découverte de la réserve naturelle. Lorsque j’étais de l’autre côté, je n’aurai jamais pensé qu’il y ait un endroit aussi beau qu’ici. Je les y invite donc. C’est Merveilleux. J’ai vu le Costabonne, du côté de Camprodon, et l’autre côté c’est de la montagne « simple »: mais quand ils regardent ici depuis le col Baix … C’est magnifique la vue qu’il y a jusqu’à l’aval du Tech, les Esquerdes de Roja, le Costabonne avec toute la forêt. C’est magnifique vraiment. Et j’invite tout le monde à venir ici, à visiter et connaître cet endroit. Ils vont en emporter un bon souvenir, vraiment.